"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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chapitre vi.

des choses possibles, où nous étions dans la première partie, nous avons passé, par des transitions habiles et presque sans nous en apercevoir, en pleine fantaisie. Est-il besoin de dire qu’ici encore, lorsque Mérimée a besoin d’un document précis, qui, à vrai dire, n’ajoute rien à son poème parce que le plus souvent il n’est pas nécessaire, c’est à ses sources bien connues qu’il s’adresse.

Voyage en Dalmatie : Le'plus poli Morlaque en parlant de sa femme, dit : Da prostite, moya xena, pardonnez-moi, ma femme. Ceux en petit nombre, qui possèdent un mauvais châlit, où ils dorment sur la paille, n’y souffrent jamais leur femme, qui est obligée de coucher sur le plancher. J’ai couché souvent dans les cabanes des Morlaques, et j’ai été témoin de ce mépris universel qu’ils marquent au sexe*.

La Guzla : Dans un ménage morlaque le mari couche sur un lit, s’il y en a un dans la maison, et la femme sur le plancher. C’est une des nombreuses preuves du mépris avec lequel sont traitées les femmes dans ce pays. Un mari ne cite jamais le nom de sa femme devant un étranger sans ajouter : Da prostite, moya xena (ma femme, sauf votre respect) 2 .

Mérimée a compris le vampirisme de deux façons très différentes : dans sa notice et dans ses ballades. Dans la notice, s'inspirant directement de dom Calmet et de Fortis, il a pénétré le véritable esprit du vampirisme; hallucination ou folie, maladie de l’imagination : le vampirisme n’est rien autre chose. Dans ses ballades, au contraire, Mérimée l’a interprété à la façon de Byron et de Nodier ; c’est un vampirisme fantaisiste, un vampirisme romantique. Le vampire est un type particulier du héros fatal ; s’il est

1 Voyage en Dalmatie, t. I, pp. 117-118. 2 La Guzla, p. 185.