"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

LA BALLADE DE L’ÉPOUSE D’ASAN-AGA.

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i 2 TRADUCTIONS ÉTRANGÈRES I. Allemagne. Nous avons déjà parlé du succès estimable qu’obtint en Allemagne la chanson « morlaque » du Viaggio in Dalmazia’'. D'abord traduite par un poète médiocre, Werthes (1775), la Triste ballade trouva bientôt en Goethe un meilleur interprète ; et bien que cette traduction ne soit pas très conforme à l’original, nous croyons ne pas nous tromper en disant que c’est elle surtout qui fît comprendre aux étrangers les beautés du poème serbo-croate. Il ne rentre pas dans le cadre de notre travail d’étudier dans le détail la fortune de la Triste ballade en Allemagne : le sujet, du reste, a été suffisamment traité dans les nombreux écrits dont nous avons donné la liste au début de ce chapitre. Ajoutons seulement que la version de l’illustre poète n’a nullement découragé les nouveaux traducteurs. Ainsi, en 1826, M lle von Jakob, croyant reconnaître dans le texte défectueux de Karadjitch une version plus exacte que celle de Fortis, en donna la traduction dans ses Volkslieder der Serben (t. 11, pp. 165-168). Une année plus tard, M. Gerhard, le malheureux traducteur de la Guzla: mit également la Triste ballade en vers allemands. Il se servit de la traduction de Mérimée, mais par une modestie bien compréhensible, —il avait eu l’honneur d’être reçu dans l’intimité de Goethe, il ne voulut pas publier son poème. Ce ne fut qu’en 1858, au lendemain de la mort du brave Gerhard, qu’une revue

1 Voir ci-dessus, pp. 34-35.