"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE VII.

venons d’énumérer sont en vers, de treize traductions françaises que nous connaissons, et dont nous donnons ci-dessous la nomenclature, douze sont en prose : 1° Traduction faite d’après la version italienne de Fortis, par l’anonyme qui donna l’édition française du Voyage en Dalmatie, Berne, 1778. Elle porte le titre de la « Chanson sur la mort de l’illustre épouse d’AsanAga 1 ». Quelle blancheur brille dans ces forêts vertes ? Sont-ce des neiges, ou des cygnes? Les neiges seraient fondues aujourd'hui, et les cygnes se seraient envolés. Ce ne sont ni des neiges ni des cygnes, mais les tentes du guerrier Asan-Aga. Il y demeure blessé et se plaignant amèrement. Sa mère et sa sœur sont allées le visiter : son épouse serait venue aussi, mais la pudeur la retient. 2° Traduction de Marc Bruère, consul de France à Raguse (1770-1823), qui fut un poète serbo-croate distingué, comme il fut poète italien, français et latin 2 . Elle fut donnée en 1807 à Hughes Pouqueville, qui la publia en 1820 dans son Voyage de la Grèce sous le titre du non seulement l’original serbo-croate (ce qui est incontestable), mais encore la traduction française que nous venons de citer. Il est possible que le poème ait subi quelques retouches de la part de Pouqueville. Quelle blancheur dans ces vertes forêts ! sont-ce des neiges ou des cygnes? Hélas! les neiges seraient fondues, les cygnes envolés. Ce ne sont ni des neiges ni des cygnes, mais les tentes d’Asan-Aga, où il demeure gémissant et blessé. Sa mère et sa sœur l’ont visité ; son épouse serait venue aussi, mais la pudeur la retient.

1 Voyage en Dalmatie, t. I, pp. 143, 145, 147, 149. Lettre sur les mœurs dés Morlaques, pp. 79, 81, 83, 85. Cf. Matié, Archiv fur slavische Philologie, t. XXIX, pp. 67-69, 84-86 (réimpression). 2 Cf. ci-dessus, pp. 25 et 31. 3 Voyage delà Grèce, 2* édition, Paris, 1826, t. 111, pp. 135-137.