"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE VII.

Que voit-on de blanc dans la verte montagne? Est-ce de la neige, ou sont-ce des cygnes? Si c’était de la neige, elle serait déjà fondue, [Si c’étaient] des cygnes, ils auraient pris leur vol. Ce n’est ni de la neige, ni des cygnes, Mais la tente de l’aga Haçan-Aga. Haçan a reçu de cruelles blessures; Sa mère et sa sœur sont venues le visiter, . Mais sa femme, par pudeur, ne pouvait le faire. 12° Traduction de Jacques Porchat, dans les Œuvres de Goethe, t. I, Paris, 1861, pp. 90-92 : « Complainte de la noble femme d’Asan Aga. » Que vois-je de blanc là-bas près de la forêt verte? Est-ce peutêtre de la neige ou sont-ce des cygnes ? De la neige, elle serait fondue ; des cygnes, ils seraient envolés. Non, ce n’est pas de la neige, ce ne sont pas des cygnes : ce qui brille, ce sont les tentes de Asan Aga. Là il est gisant, il est blessé. Sa mère et sa sœur le visitent ; la pudeur empêche sa femme de se rendre auprès de lui. 13° Paraphrase donnée par M. Colonna [d’après Mérimée] dans les Contes de la Bosnie, Paris, 1898, pp. 115121 : « Triste ballade. » Nous reviendrons ailleurs sur les plagiais de M. Colonna. Le Bélierbey de Banialoulsa est à la chasse... Il a tué un cerf et un chamois, mais en rechargeant son long fusil d’or et de corail, il s’est blessé, et son sang coule sur son caftan de soie, comme le sang de l’aigle sur ses plumes blanches ! Ses serviteurs fidèles ont dressé dans la montagne sa tente de pourpre. Sa mère et sa sœur sont accourues soigner sa blessure ; seule sa femme, la belle Militza, n’a point osé quitter le harem sans être appelée par son seigneur... C’est là, la fortune delà Triste ballade en France. Ajoutons qu’Adam Mickiewi.cz analysa longuement cette poésie serbo-croate dans son cours des littératures slaves, professé au Collège de France en 184-0 et 1841, et publié en 1849. M. Tomo Matic, qui a fait une étude spéciale sur les