"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE VII.

figure, sans doute, dans la traduction de Smarra de Charles Nodier, parue à Barcelone en 1840 h î 3 LA TRADUCTION DE MÉRIMÉE Rien de plus intéressant ni de plus instructif pour qui veut bien connaître de quelle façon composait l’auteur de la Guzla, qu’un examen approfondi de sa traduction de la Triste ballade. C’est là, en le suivant de près, ligne par ligne, mot par mot, qu’on peut le mieux se rendre compte de ses scrupules et de son aptitude à interpréter la poésie populaire. Il faut le reconnaître : avant nous, M. Tomo Matic avait déjà entrepris cette enquête et l’a conduite avec tant de soin et tant de bonheur 2 qu’il nous faut bien lui rendre hommage. Mais, si nous avons préféré refaire à notre tour ce travail au lieu de nous borner à apporter ici les résultats de notre prédécesseur, c’est qu’en dehors de notre intention de donner une monographie complète sur l’ouvrage de Mérimée, nous avons désiré pouvoir tirer quelques conclusions plus générales que ne l’avait fait M. Matic. C’est ainsi qu’il nous faut, tout d’abord, faire remarquer la concision de la version de Mérimée. Tandis que l’anonyme bernois qui a traduit le Voyage en Dalmatie, avait eu besoin de 687 mots pour rendre en français le poème serbo-croate, tandis que Ch. Nodier n’en avait pas employé moins de 991, Mérimée se contenta de 629, sans rien omettre de ce qui se trouvait dans l’original.

1 Voir ci-dessus, p. 101. 2 Archiv für slavische Philologie, Lomé XXIX, pp. 72-78.