"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE VIII.

1833), ce publiciste qui remplaça un moment Girardin à la direction de la Presse et que Balzac appelait le plus fécond journaliste de son époque, en lui envoyant une de ses lettres à M me de Hanska, pour sa collection d’autographes 1 ». Il mourut officier de la Légion d’honneur, le 21 décembre 1851, dans une grande misère à ce qu’il semble; il ne revit aujourd’hui que dans quelques pages de Francis Wey, enfouies elles-mêmes dans un recueil collectif de nouvelles 2 , et par une trentaine de lignes dans la France littéraire de Quérard qui consacrent sa mémoire. Ancien professeur de Mérimée, il était ami de Stendhal et, comme nous l’avons dit, c’est par lui qu’ils se connurent. On trouve dans la Correspondance de l’auteur de la Chartreuse de Parme plusieurs passages relatifs à Maisonnette, sobriquet par lequel, nous dit la clef, cet incorrigible parrain désignait Joseph Lingay. « Je sens souvent en vous la manière de raisonner de J/ûhsonneWe, écrivait Beyle à Mérimée, une jolie phrase au lieu d’une raison, id est le manque d’avoir lu Montesquieu etdeTracy + Helvétius. Vous avez peur d’être long 3 . »Il ne serait pas inutile, peutêtre, de déterrer les écrits de l’ami à qui Mérimée, par sa manière de raisonner, ressemblait tant, mais ce serait un peu nous égarer. Remarquons seulement que Lingay devait avoir au moins quinze ans de plus que l’auteur de la Guzla, car, en 1814, il avait déjà publié un Éloge de Delille et critique de son genre- et de son

1 M. Tourneux, Prosper Mérimée, comédienne espagnole, p. 8. 2 Entre amis (publication de la Société des gens de lettres), Paris, E. Dentu, 1882, pp. 459-479. 3 Le 26 décembre 1829. (Correspondance de Stendhal, Paris, 1908, t. 11, p. 509.)