"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

« LA GUZLA » EN FRANGE.

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lement, dit-on, des poésies nationales des Illyriens, des Dalmates et des Morlaques. N’en soyons pas surpris : richesse d’imagination, variété de tons, fleur exquise de poésie, tableaux fantastiques, terrifiants et bizarres, originalité; enfin, je ne sais pas quoi d’une simplicité naïve, biblique ou homérique, tels sont les attributs de ce petit volume. « Les morceaux qu’il renferme ont été recueillis et traduits en français par un Italien qui a voyagé longtemps dans ces pays, dont il connaît parfaitement la langue. Autrefois il fut notre concitoyen; depuis, les événements politiques l’ayant forcé à quitter sa patrie, il est venu s’asseoir à nos foyers. Sa traduction est sans apprêts, ce qui nous garantit sa fidélité. L’on pourrait parfois signaler quelques étrangetés, quelques italianismes ; mais nous n’en sommes pas à des pointilleries grammaticales. Le traducteur a trop de titres à notre reconnaissance, et d’ailleurs il ne prétend qu’au mérite de la correction et de l’exactitude. « La guzla est une sorte de guitare à une corde dont les bardes morlaques se servent pour accompagner leurs ballades : souvent ces ballades ou romances sont improvisées; souvent aussi le poète s’interrompt au moment le plus intéressant, pour obtenir avec plus de facilité de ses auditeurs une légère rétribution. L’ltalien anonyme fait connaître dans sa préface ces mœurs homériques (sze). « Vient ensuite une notice sur Hyacinthe Maglanovich, célèbre joueur de guzla, que l’éditeur-traducteur a connu personnellement à Zara. Ce n’est point là un de nos poètes d’Académie ou de salon. Pour l’extérieur, voyez son portrait en tête du livre : les habitudes, les mœurs, l’en séparent bien plus complètement encore. Il y avait en Angleterre un certain M. Barrington,