"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

« LA GUZLA » EN FRANGE.

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si opposées à ce que l’on voit dans l’Europe civilisée. C’est là que la tradition du vampirisme se conserve dans toute sa pureté. Nous avons renouvelé connaissance avec cette horrible superstition depuis l’histoire de lord Ruthwen, imprimée dans les OEuvres de Byron et qui est due à Polidori, médecin de ce poète célèbre. L’éditeur a consacré une notice au vampirisme; notice dans laquelle il cite trop longuement peut-être le livre de dom Calmet; toutefois, dans cette notice se trouve un fait étrange dont l’auteur fut témoin en 18-16, et qui prouve jusqu’à quel point cette superstition, qui s’étend dans une grande partie de l’Europe et de l’Asie, a fasciné l’imagination des Morlaques. Le croira-t-on ? Les lois de la Hongrie statuent sur le vampirisme; elles ordonnent ou du moins ordonnaient l’exhumation des individus signalés comme vampires et la destruction des cadavres avec des détails affreux et dégoûtants. Plusieurs de ces ballades ont trait au vampirisme, d’autres au mauvais œil, croyance fort répandue dans le Levant, en Dalmatie et en Russie. C’est le pouvoir qu’ont certaines personnes, souvent involontairement, de jeter un sort par leurs regards. L’individu fasciné meurt la plupart du temps de consomption. Dans ce pays vous, seriez fort mal venu de dire à quelqu’un : « Ah ! Monsieur, que vous avez bon visage ! » « L’éditeur consacre également une notice à cette superstition. Il 'donne les recettes en usage dans le pays pour détruire ce charme funeste, et cite à ce sujet plusieurs histoires bizarres. « Bien que ces poésies ne soient pas toutes d’un égal mérite, il n’en est cependant aucune que la critique, même la plus sévère, voulût élaguer. Nous apprenons à connaître des mœurs qui offrent d’étranges contrastes. A côté de sentiments élevés, quelquefois