"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE VIII.

sublimes, il en est de révoltants. Telle action racontée naïvement serait sévèrement punie par nos lois. Nos oreilles si chastes et si susceptibles se trouveront peutêtre blessées de quelques expressions dont la rudesse native aura sans doute encore été adoucie par le traducteur. Je me dispenserai de toute analyse et de toute citation, ne voulant rien ôter au plaisir du lecteur. C’est une mine riche et féconde, pleine de charme, d’originalité, et qui, sans doute, donnera naissance à plus d’un mélodrame. « Un seul morceau a déjà été publié par l’abbé Fortis ( Voyage en Dalmatie). C’est l’histoire de l'épouse d’Asan-Aga, ballade pleine d’un intérêt touchant. Mais la traduction de l’abbé Fortis est libre : celle de notre Italien est, au contraire, littérale. « Chaque morceau est accompagné de notes et d’explications fort utiles. L’éditeur cependant mérite le reproche de laisser ignorer dans quelles mesures ces poésies sont écrites. Il aurait pu très convenablement, ce semble, nous donner un travail philologique, que quelques personnes auraient trouvé à la fois intéressant et utile. « Je ne doute pas que ce recueil ne soit accueilli avec autant d’empressement et de plaisir par le public, que les chants des Grecs modernes et la collection des romances espagnoles. Le lecteur goûtera cet intérêt, ce charme si vif qui s’attache aux poésies des peuples peu avancés encore dans la civilisation. J’ajouterai, pour terminer, que l’exécution typographique ne laisse rien à désirer L » Un autre anonyme, sous la signature « T. », présenta la Guzla aux lecteurs du Journal de Paris*. ■« Savez-

1 Moniteur universel du 13 août 1827. 2 Nouveau Journal de Paris et des départemens, feuille administrative, commerciale, industrielle et littéraire du 27 août 1827.