"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE VIII.

amants, et même une espèce de chanson bouffonne, intitulée Jeannot. Ce pauvre garçon revenant chez lui, la nuit, par un cimetière, entend quelqu’un ronger. Persuadé que c’est un brucolaque (espèce de vampire qui mange dans son tombeau) et craignant d’être mangé lui-même, il se résout, pour éviter ce désagrément, à introduire dans son estomac, suivant une autre croyance du pays, un peu de la terre de la fosse; mais un chien, qui rongeait un os de mouton, croyant qu’on veut lui enlever sa proie, saute à la jambe de Jeannot, et le prétendu vampire le mord de manière à le convaincre qu’il n’est pas un fantôme. J’avouerai que la gaîté de nos chansonniers du Caveau est d’un meilleur ton, même quand ils nous régalent de Caron et de sa barque fatale; mais il n’y faut pas regarder de si près, vu le pays et avec un vaudeville croate. » Les mêmes jours, le Globe publiait une série de poésies serbes, traduites en prose par M me Louise Sw.Belloc : la Fondation de S eut ari, Bataille de Kossovo, la Tête de Lazar retrouvée, les Frères, le Mariage de Haikouna, etc. 1 On se rappelle que M me Belloc avait annoncé un volume de piesmas, quelques semaines seulement avant l’apparition de la par cet anonyme Italien qui envoyait de Strasbourg un recueil tout fait, elle communiqua son manuscrit à la rédaction du journal romantique 3 . Mais, chose des plus

1 Le Globe des 23 et 28 août, 1, 6 et 11 septembre 1827. ■ - Voir ci-dessus, pp. 182-183. 3 M"'- Belloc ne disait pas d’où elle avait traduit ces pièces, mais il est facile d’établir qu’elle les avait tirées de la traduction anglaise de John Bowring et non pas du recueil original serbe, car elle avait fidèlement reproduit non seulement l’orthographe anglaise des noms propres et topographiques, mais aussi les notes qui accompagnaient la Servian Popular Poetry.