"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

« LA GUZLA » EN FRANGE.

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louables, elle ne se contenta pas de cela; elle écrivit une notice dans la Revue encyclopédique et vanta l’ouvrage de son concurrent. « Il a donné, dit-elle, dans une introduction et dans des notes, des souvenirs pleins d’intérêt, et qui ont d’autant plus de charme qu’il ne s’y mêle pas la moindre prétention... Ces chants ont un caractère très original, et dont on ne peut guère donner l’idée. Moins nobles, moins austères que les chants grecs, ils sont peut-être plus spirituels et plus vifs' 1 . » Trois semaines plus tard, un critique qui signait «B. », [Brifaut?] présenta la Guzla aux lecteurs de la Gazette de France. « Qu’est-ce que la guzla? Qu’est-ce que Hyacinthe Maglanovich? À-t-on jamais ouï parler du bey de Veliko, du bey de Moïna, de Constantin Yacoubovich et des deux grands guerriers Lepa et Tchernyegor? Wurtz ! ah ! quel nom, grand Dieu ! quel Hector que ce Wurtz ! « Voilà ce que ne manqueront pas de dire les hommes aux molles habitudes, les sybarites de l’euphonie, pour qui le concours d’une gutturale et d’une dentale est comme un caillou tranchant sous les pieds d’une petite maîtresse. Il faudra bien qu’ils s’aguerrissent. Les temps sont accomplis. Ne voyez-vous pas que les vieilles mythologies tombent en ruines, et avec elles les vieilles délicatesses, les vieilles admirations et les vieilles règles? Nous sommes las des yeux de bœuf de Junon, des talonnières du fils de Maïa, de l’aigle de Jupiter. La jeune Hébé nous semble quelque peu surannée, et la

1 Revue encyclopédique, août 1827, pp. 463-464. Même notice dans le Journal général de la littérature de France, août 1827, p. 243.