"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

« LA GUZLA » EN FRANGE.

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même journal crut devoir présenter encore une fois l'ouvrage : « Ce volume s'ouvre par une préface du traducteur... Cette préface est suivie d’une Notice sur Maglanovich, auteur de plusieurs des pièces contenues dans ce recueil. Né à Zuonigrad et fils d’un cordonnier, il vivoit encore en 1817 et avoit environ soixante ans. Ses romances et celles de quelques autres Slaves ne sont pas dépourvues de tout intérêt : elles paroissent traduites avec soin; mais l’importance excessive qu’on attacherait à de pareilles productions ne contribuerait point àla meilleure direction des études littéraires 1 . » Nous raconterons dans le prochain chapitre comment le Bulletin des sciences historiques rédigé par MM. Champollion. qui ne voulut dire un seul mot de la Guzla quand elle parut en français, consacra une longue notice à la traduction allemande de M. Gerhard. Bien que le livre de Mérimée eût obtenu ainsi un assez joli succès auprès des critiques, le succès de librairie fut presque nul. Au mois de décembre, six mois après la publication, l’éditeur augmenta, nous ne savons pourquoi, le prix du volume, qui fut porté de 4 francs à 5 francs. Ce fut alors seulement qu’il songea à faire de la réclame. Il donna au Journal des Débats, en même

1 Idem, février 1829, pp. 125-126. Deux mois plus tard, Charles Magnin écrivait dans le Globe, rendant compte de la Chronique de Charles IX : « Qu’importe que l’auteur se donne pour un grand dénicheur d'anecdotes et lecteur de mémoires, et que son livre, daté, en gros caractères, 1572, peigne des mœurs de trente ans postérieures, et bien moins les modes du temps de Charles IX que celles du commencement de la régence de Marie de Médicis ! c’est là un assez petit malheur, et qui ne porte presque aucune atteinte au mérite du romancier. Une œuvre d’imagination n’est pas tenue de faire une illusion complète ; et la Guzla, par exemple, ne serait pas moins digne d’éloges quand le Journal des Savans, après dix-huit mois d’examen, n’eût pas annoncé cet ouvrage comme une traduction assez soignée de plusieurs petits poèmes-illyriens. » {Le Globe du 25 avril 1829.) 27