"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

« LA GUZLA » EN FRANCE.

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Cette annonce contient un témoignage précieux : c’est que l’imprimeur strasbourgeois reconnaît qu’il ne faut pas « peut-être remonter très haut pour trouver l’élégant traducteur ou imitateur de ces chants poétiques ». Elle est donc inexacte cette légende qui veut que la personne de l’auteur de la Guzla fût mystérieuse même pour le libraire jusqu’au jour où l’avertissement de l’édition de -1842 vint la lui révéler. § 3 l’édition de 1842 Mérimée paraît avoir été fort mécontent de l’insuccès du livre; il lui a toujours gardé rancune. Quatre ans après la publication de la Guzla. il écrivit à un ami, dont nous ignorons le nom, la lettre que voici : Le 16 juillet 1851. Je voudrais bien avoir votre avis sur la proposition suivante : Fournier m’offre 1.500 pour mon manuscrit [de Mosaïque 7] qu'il publierait d’abord in-12, puis trois mois après in-8’ en volume avec la Guzla qui serait réimprimée ad hoc. Quant aux termes de payement, nous ne nous sommes pas expliqués. Je n’aime guère la réimpression de la Guzla, qui est une drogue et une vieillerie, il serait un peu ignoble de faire de cela un volume in-8". Dites-moi ce qu’il faut répondre. Je serais particulièrement charmé d’avoir 1.000 francs tout de suite, proposition qui paraîtrait fort exorbitante à notre ami libraire. Quid dicis 1 Tout à vous, Prosper Mérimée 1 . Fournier, sans doute, fut peu disposé, à ce momentlà, à risquer mille francs pour la seconde édition d’un

1 L'Univers illustré du 12 mars 1881, p. 162.