"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

« LA GUZLA » EN FRANCE.

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Toute la « couleur » qu’il pouvait y avoir dans cette pièce était due, sans doute, plus au tailleur et aux décorateurs qu’à l’auteur lui-même. Nous avons vu déjà que le sujet est faux dans son ensemble; dans le détail cependant on rencontre ici et là quelques traits qui rappellent certaine « couleur », guère plus authentique, à laquelle nous sommes déjà accoutumés ; en plus d’un endroit l’influence de Mérimée se fait sentir : c’est d’abord ce type de vieux chanteur qui, poète excellent, n’est plus simplement un vaillant heyduque comme Hyacinthe Maglanovich, mais un chef de parti, un héros de la liberté ; c’est un Rouget de Lisle à sa manière. Debout, c’est le moment ! Lève-toi, notre barde, Improvise à l’instant ces magiques refrains, Chant sublime Qui ranime Les cœurs monténégrins. Et Ziska se lève et chante sur la gusla cet hymne aux accents guerriers : Sur ces monts qui touchent le ciel Dieu fit naître un peuple de braves, Unis par un vœu fraternel, Effroi des nations esclaves. Gardons toujours cette âme noble et fière Qui nous égale aux Romains, nos aïeux, (sic) Car la croix sainte est sur notre bannière, Et dans les cieux Notre nom glorieux. Une autre fois ce sont les femmes illyriennes qui chantent : Aux accords de la guzla Chantons, ô ! mes compagnes La Romaîka, C’est le chant de nos montagnes ’.

1 La Romaïka n’est point « le chant des montagnes monténégrines ». C’est la danse nationale des Grecs modernes.