"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

430

CHAPITRE VIII.

Un autre souvenir évident de Mérimée, c’est au premier acte une sorte de ballade sur les vampires :

Hélène était la dame De ce lieu redouté Elle vendit son âme Pour garder sa beauté. Le temps qui nous dévore Lui laissa de longs jours. Au bout d’un siècle encore On l’adorait toujours. Craignez, craignez Hélène, La châtelaine, Errante sur la tour, C’est un vampire Qui vous attire Avec des chants d’amour.

Enfin une preuve, décisive celle-là, que Gérard de Nerval s’est inspiré de Mérimée, c’est qu’il a mis en vers toute une pièce de la Gusla.

Mérimée : Les Monténégrins. Napoléon a dit : « Quels sont ces hommes qui osent me résister? Je veux qu’ils viennent jeter à mes pieds leurs fusils et leurs ataghans ornés de nielles. » Soudain il a envoyé à la montagne vingt mille soldats. Il y a des dragons, des fantassins, des canons et des mortiers. « Venez à la montagne, vous y verrez cinq cents braves Monténégrins. Pour leurs canons, il y a des précipices ; pour leurs dragons, des rochers, et pour leurs fantassins, cinq cents bons fusils. » Alors a dit leur capitaine : « Que chaque homme ajuste son fusil, que chaque homme tue un Monténégrin...»

Gérard de Nerval : Chant monténégrin. C’est l’empereur Napoléon, Un nouveau César, nous dit-on, Qui rassembla ses capitaines : Allez là-bas Jusqu’à ces montagnes hautaines N’hésitez pas ! Là sont des hommes indomptables, Au cœur de fer, Des rochers noirs et redoutables Comme les abords de l’enfer. Us ont amené des canons Et des ho.uzards et des dragons. Vous marchez tous, ô capitaines ! Vers le trépas ; Contemplez ces roches hautaines, N’avancez pas !