"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE VIII.

coin du feu, là-bas, dans leurs montagnes couvertes de neige l . » A franchement parler, c’est un pauvre livre que ces Contes de la Bosnie, comme du reste toute cette foule de publications officielles et semi-officielles que le gouvernement des « provinces occupées » répandait naguère à profusion avant l’annexion définitive du pays dans le but d’éclairer l’opinion publique européenne 2 . Du reste, que pouvions-nous espérer de mieux d’un étranger qui ignorait complètement la langue, serbocroate (ou « bosniaque » comme il l’appelait) 3 , et qui n’avait visité que les « villages de Potemkine » de Bosnie, les resplendissantes Ilidjé, où le « train des journalistes » débarque de Budapest, deux fois par an, les représentants de la presse européenne, armés d’appareils photographiques et d’une plume alerte, dans une nature poétisée, décor idéal, où se trouvent entre les pittoresques minarets orientaux, les chutes d’eau argentées, les fermes subventionnées par le gouvernement, des hôtels confortables. Examinons de près ces Contes de la Bosnie. L’ouvrage est divisé en trois parties : Moeurs et coutumes Ballades Contes. Dans la première : des lieux communs. Ce sont les superstitions, les vampires, le mauvais œil, les coutumes du mariage, les pobratimi ; toutes choses évidemment racontées d'après les voyageurs allemands (à en juger d’après le sentimentalisme bourgeois et l’or-

1 M. Colonna, Contes de la Bosnie. Orné de trente-quatre illustrations originales de Léopold Braun. Paris, 1898, pp. 1-3. 2 Voir le catalogue méthodique de la Bibliothèque Nationale, fiches : Bosnie, bosniaque, Balkans, Herzégovine, etc. 3 Dire qu’on parle le « bosniaque » en Bosnie, c’est comme si l’on disait qu’on parle le « messin » à Metz.