"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

« LA GUZLA » EN FRANGE.

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thographe des noms propres) ; tout est embelli, fardé, sucré, une vraie Arcadie moderne ; mais en même temps c’est toute une parodie de la vie « bosniaque ». Dans la troisième partie, l'auteur rapporte sept « contes populaires », - dont la plupart sont authentiques, qu'il traduit sur la traduction portugaise d’une traduction allemande 1 , en un langage qui affecte un faux air de naïveté. Tout cela a pour nous peu d’intérêt. La deuxième partie en offre davantage. Elle contient douze « ballades bosniaques ». Il est difficile de reconnaître pour authentiques même celles qui ont un fond véritablement populaire. Dans la Belle Léposava par exemple, qui n’est autre chose que la Mort de Militch le porte-drapeau, l’auteur a tellement mutilé et fardé le texte, pour le faire plus naïf, qu’il l’a rendue méconnaissable. D’autres sont purement et simplement fabriquées par l’auteur, dans la même forme soi-disant populaire ; et nous ne saurions y voir autre chose qu’une espèce de travestissement ridicule. Quatre de ces ballades prétendues populaires sont des paraphrases des ballades illyriques de Mérimée. « M. Colonna » a librement raconté, gâté plutôt, les pièces de la Guzla. Sans le reconnaître et sans citer Mérimée, il transforme : les Braves Heyduques en la Mort des Héros (pp. 145-149); Maxime et Zoé en le Secret de Lepa (pp. 123-128); la Vision de Thomas 11, roi de Bosnie, devient la Vision de Thomas 11, dernier roi de Bosnie (pp. 129-135); enfin, la Triste ballade de la noble épouse d’Asan-Aga devient la Triste Ballade tout court (pp. 115-121).

1 Revue d’Europe, 1899, 1900.