"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

« LA GUZLA » EN ANGLETERRE.

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mier et le troisième aient quatre accents ou. pour employer le mot technique, quatre pieds de deux ou de trois syllabes, et le second et le quatrième, trois accents ou pieds du même genre, avec une rime assonante ou consonante entre eux. Une forme de versification légère et facile une fois établie, il s’ensuit naturellement qu’elle pourra exprimer presque toutes les histoires et tous les sentiments ; et les nations qui possèdent le plus de ballades historiques sont aussi les plus riches en chants populaires. « Parmi les nations que nous venons de citer, l’état de la société est maintenant si profondément transformé par l’art de l’imprimerie, le développement du commerce et de l’industrie et bien d’autres causes encore, que cette variété de l’art poétique tend à disparaître. Certes, il est encore certains poètes de talent qui composent des ballades en cette forme ancienne, mais ils le font en stances ciselées et élégantes. Ce ne sont plus des poèmes faits pour les campagnes, on les y entend rarement et ceux que le peuple chante encore sont ceux qui furent chantés à ces époques lointaines, rudes et simples comme les temps où ils virent la lumière. Pourtant, il existe encore en Europe une race d’hommes qui touche presque à cet état de société que nous venons de décrire. Tout d’abord ils sont en guerre avec les Turcs ; maîtres et sujets, ces deux nations, de religions et de coutumes différentes, vivant mêlées l’une à l’autre, aujourd’hui amies, demain ennemies, présentent un tableau qui n’est pas sans ressemblance avec celui qu’a donné l'Espagne au temps des Maures. De romanesques événements survenaient incessamment; pas d’histoire ou de contes écrits ou imprimés, la poésie populaire florissait donc dans toute sa plénitude et atteignait un degré de perfection qui ne fut surpassé dans aucune autre con-