"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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chapitre x.

trée. Il est à peine besoin de dire au lecteur que le peuple auquel nous faisons allusion est cette partie de la race slave qui habite la Serbie, la Croatie, la Bosnie et la contrée qui se trouve au Nord-Est de l’Adriatique. Nous sommes aujourd’hui suffisamment familiarisés avec la poésie serbe dont de grandes parties furent traduites en français et en allemand, mais ce n’était pas la première fois que la poésie slave se faisait connaître en Europe. L’abbé Fortis, a dans son Voyage en Dalmatie et ses Observations sur les Iles de Cherso et Osera., il y a déjà bien des années, non seulement donné une description complète et soignée des mœurs et du caractère des Morlaques, mais encore publié dans ces ouvrages quelques spécimens de leur poésie populaire, en langue originale, avec une traduction en regard, que Herder rendit en allemand dans sesStimmen der Vôlker in Liedern. Mais, ces dernières années exceptées, le sujet ne semble guère avoir attiré l’attention. « Pour diverses raisons que nous ne nous arrêterons pas à énumérer, le goût de la poésie simple et naturelle du vieux temps a été réveillé, et quantité de ballades populaires sont aujourd'hui accueillies avec délices par les lecteurs cultivés. Même en France, où la muse fut si longtemps enchaînée dans les convenances poétiques de l’époque de Louis XIV, se manifestent les symptômes d’un certain progrès sur ce point aussi bien que sur les autres. Le traducteur anonyme du petit ouvrage dont nous parlons a noté cette transformation du goût public et c’est la raison pour laquelle il s’est, dit-il, hasardé à publier ces ballades illyriennes. » Le critique, ensuite, présenta dans la mesure où il le put l’anonyme traducteur de la Guzla, « Italien né d’une mère môrlaque ». Il lui reprocha de n’avoir