"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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CHAPITRE X.

L’auteur donnait alors la biographie de iMaglanovich, puis disait quelques mots des joueurs de guzla. « Nous revoyons peut-être là, dit-il, en pleine vie, dans ces pauvres chanteurs illyriens, et dans ceux de la Grèce voisine, les bardes de l’ancienne Hellade. Nous avons été conduits à donner cette silhouette d’un ménétrier illyrien par notre tendance à observer l’homme dans les transformations que lui font subir les différents états de la société, et nous considérons Hyacinthe comme un personnage peu commun. » Pour donner un exemple de la poésie illyrienne, M. Keightley traduisit d’abord l’Aubépine de Veliko, loua la ballade et remarqua sa ressemblance avec l’Orphelin de la Chine, dont nous avons déjà parlé. « Nous croyons pouvoir affirmer, sans crainte d’ètre accusé de partialité, qu’un dessin aussi délicatement adapté aux parures de la langue et des vers ne saurait être surpassé par les poésies populaires d’aucun pays. La manière dont est sauvée la vie du jeune Alexis remet en la mémoire de chacun l’Orphelin de la Chine, mais la mère illyrienne atteint à un degré d’héroïsme très supérieur à celui de la dame chinoise. Encore que toutes deux soient guidées par un instinct profondément naturel: élevée dans la mollesse, au milieu d’un peuple très civilisé, l’âme d’ldamé est incapable de l’énergie d’un esprit journellement témoin d’actes sanglants et de traits d’héroïsme. Elle ressent cette folle affection pour son enfant que lui ont inculquée, en Chine, la religion et la loi, affection si forte qu’elle doit lutter longtemps même contre la loyauté. Mais Thérèse Gelin entrevit cette satisfaction toute de fierté, d’avoir purement observé les règles sacrées de l’hospitalité. Elle sait que le dernier des Veliko sera pour elle un fils et ressent ce noble désir d’un renom de vertu, cette gloire d’ètre le centre des