"La Guzla" de Prosper Mérimée : étude d'histoire romantique (sa posvetom autora)

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chapitre x.

revue, il en parla de nouveau dans un ouvrage intitulé la Mythologie féerique (The Fairy Mythology) qu’il fit paraître à Londres, en deux volumes in-12. Il y consacra un chapitre spécial à la mythologie slave (pp. 317324), et, pour l’écrire, se documenta également dans la Servian Popular Poetry de John Bowring et dans la Guzla. Pour illustrer sa dissertation, il traduisit une des pièces de Mérimée, le Seigneur Mercure (Lord Mercury), mais il eut la franchise d’avouer qu’il ne savait pas lui-même « comment classer les êtres surnaturels île cette charmante ballade 1 ». M. Keightley ne fut pas en Angleterre la dernière dupe de la Guzla. Gustave Planche raconte que plusieurs pièces de ce recueil furent mises en vers, « presque sans altération », par Mrs. Shelley, femme de l’illustre poète. « C’est qu’en effet, dit-il, la prose de Mérimée possède dans sa contexture presque toutes les qualités de la poésie rythmée 2 . » Nous avons fait de longues mais vaines recherches au sujet de cette traduction. Ni le catalogue du British Muséum, ni l’article consacré à Mrs. Shelley dans le Dictionary of National Biography, ni, enfin, les deux biographies dont elle a été l’objet, n’en disent un seul mot 3 . Est-ce parce que Mrs. Shelley fut informée juste à temps qu’elle ne la publia jamais ? C’est ce que nous ne saurions dire. Environ trente ans plus tard, un anonyme anglais mettait à son tour en vers la prose de Mérimée en s’ins-

1 « In the fine Illyrian ballad of Lord Mercury we flncl another species of supernatural beings, winch know not well how to class. » The Fairy Mythology, by Th. Kéightley, Londres, 1828, pp. 323-324. - Gustave Planche, Portraits littéraires, I. I, pp. 207-208. M. Tamisier mentionne la même chose, dans sa brochure Prosper Mérimée, Marseille, 1875, p. 11. (Probablement d’après G. Planche). 3 Mrs. Julian Marshall, Mary Wollstonecraft Shelley ,Londres, 1889. Mrs. W. M. Rossetti, Mrs. Shelley (Eminent Women Sériés.)