"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

« LA GUZLA » EN ANGLETERRE.

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papiers dans l’incendie de sa maison pendant la Commune. Ainsi nous ne l’aurons jamais et nous ne pourrons savoir quel en était exactement le contenu. Remarquons seulement que, sans nul doute, comme celle de Gerhard, elle fut adressée à Mérimée par les bons soins de la maison F.-G. Levrault. « Deux mois après la publication de la Guzla », dit Mérimée; c’est-à-dire au commencement d’octobre 1827. A défaut d’indication précise, nous avons accepté cette date, et comme la lettre précède d’un mois la publication du premier article anglais relatif à l’ouvrage de Mérimée, nous avons voulu en parler tout d’abord. Disons de suite que nous ne comprenons pas suffisamment, de peur de ne le comprendre que trop, pourquoi Mérimée a choisi cet Anglais comme un témoin de « l’immense succès » de son livre à l’étranger. Croyait-il vraiment que « M. Bowring, auteur d’une anthologie slave », représentait une autorité non seulement parmi les slavicisants de l’autre côté du détroit, mais encore parmi ceux de l’Europe entière. Nous en doutons fort. Dans une des lettres publiées par M. Chambon, Mérimée suspecte Renan de ne pas savoir son hébreu ; il avait appris de son maître Stendhal à se méfier des faux savants qui pullulent en ce monde, débitant la « blague sérieuse » ; aussi ne saurait-on croire qu’il fut dupe dans cette occasion et qu’il pensa qu’un traducteur anglais de poèmes slaves était un personnage autorisé à prononcer un jugement sur une prétendue traduction française de poèmes dont il ne connaissait pas l’original. Très habilement, Mérimée se

(Paris, 1855, 2 vol.), « J’ai la mauvaise habitude de brûler les lettres pour ne pas compromettre les belles dames », écrivait Mérimée à Sainte-Beuve. (M. Tourneux, Prosper Mérimée, ses portraits, ses dessins-, sa bibliothèque, Paris, 1879, p. 108.)