La légende de Cathelineau : ses débuts, son brevet de généralissime, son élection, sa mort (mars-juillet 1793) : avec nombreux documents inédits et inconnus

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Jallais, expulser un détachement d’environ quatrevingts gardes nationales qui y étaient stationnées ; et tous l’admettaient, tous s’offraient d’y concourir. Le chemin était par le bourg de la Poitevinière, distant d’une forte demi-lieue. Aussitôt, ils s’acheminèrent, faisant retentir les airs de leurs cris mêlés de joie et d’indignation. Dans le trajet, la petite troupe se grossit de tous ceux à qui ils peuvent se faire entendre et se faire voir. Ils arrivent à la Poitevinière ! au nombre d'environ quarante. Le bourg, beaucoup plus gros que celui du Pin, fournissait l’espérance d’une recrue considérable. Elle eut lieu effectivement. Cathelineau parla avec le même succès et, ce qui paraîtra encore plus étonnant, c’est que chaque nouveau soldat employait auprès de ceux qu’il connaissait tous les moyens possibles?, de leur faire prendre le même parti. Aussi la troupe fut-elle bientôt portée au triple de ce qu’elle était en arrivant.

Ils se hâtent de tourner leurs pas vers Jallais, à trois

1 Quoique j'évite d’annoter tout ce mélodrame, il est bon d'indiquer — c’est un trait de ces mœurs vendéennes — qu’en 1827, c’est-à-dire à l’heure où l'on dressait une statue à Cathelineau, v. ci-dessus, p. 145-147 — les habitants de la Poitevinière protestèrent à leur façon en déposant à la cure un certificat signé de M. de la Bouèëre et des principaux habitants de la commune. Ils attestaient que « le 14 mars 1793 [c'est le 13 qu'il « fallait dire], les gas de la Poitevinière, au nombre de quatre« vingts, se portèrent sur Jallais et y arrivèrent les premiers « pour attaquer les bleus, avant l'attroupement du Pin, dirigé « par Cathelineau, qui venait de plus loin. [Et ils se trompent « encore. Cathelineau fut reçu par eux et on dut l'attendre, mais « il arriva à Jallais en même temps qu'eux] …Ge fut Perdriau qui « dirigea la troupe... » Le texte en est donné complet dans les Souvenirs de la comtesse de la Bouère, p. 845-341.

2 Cest ici, comme je l’ai indiqué ci-dessus, p. 64, que le texte