La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

DISCOURS DE JACOB DUPONT 243

peines éternelles auxquelles les hommes ont la trop grande bonté d’ajouter quelque croyance. (Applaudissements). Le moment de la catastrophe est arrivé. Tous les préjugés doivent tomber en même temps. Il faut les anéantir ou que nous en soyons écrasés. Il faut du 10 août au 1er janvier 1793, parcourir avec hardiesse et courage l’espace de plusieurs siècles. En vain Danton nous disait-il piteusement, il y a quelques jours, à ce sujet, que le peuple avait besoin d’un prêtre pour rendre le dernier soupir. Eh bien | pour détromper le peuple, je lui dirai : Danton vous annonce qu'il veut jouir d’un privilège quil vous refuse ; il veut vous laisser asservir à la volonté despotique de ce prêtre qui ne croit pas un mot de ce qu'il vous dit, qui vous trompe et qui ne trompe pas Danton ; et pour prouver que ce prêtre nest pas toujours nécessaire à la dernière heure, contre l'avis de Danton, je lui montrerai Condorcet fermant les yeux à d’Alembert.

(Mémes applaudissements).

J'ai conclu du discours de Durand-Maïllane ce que je posais en principe, le 10 août, lorsque la législature décrétait la Convention nationale : Les jeunes gens, disais-je d’après d’Alembert, sont fort propres à faire des révolutions. J’ajouterai que quelque influence qu’ait la religion de l’Assemblée constituante, d’après l'opinion de Durand-Maillane, sur les mœurs du peuple, j'ai peine à croire qu'il ne fut pas plus promptement républicain et heureux dans ‘un autre système de religion.

Je lavouerai de bonne foi à la Convention, je suis athée. (Rumeur subite. Les exclamations de plusieurs membres prolongent le tumulte).

UN GRAND NOMBRE DE MEMBRES. — Peu nous importe ; vous êtes un honnête homme.