La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

DISCOURS DE DUCOS 249

Je ne sais quel degré d'importance on attache à l'établissement des écoles primaires ; je pense, pour moi, que nous leur devrons notre véritable régénération, l'accord des mœurs et des lois, sans lequel il n’y a point de liberté ; mais le succès des institutions dépend du choix des instituteurs. JeanJacques l'a dit, il faut être plus qu'un homme pour former des hommes. Ceux qui voudraient marchander les vertus et les talents des maîtres de morale et d'art social que la nation vous demandera, ceux qui payant 130 millions aux prêtres, pour enseigner au peuple des erreurs, regrettent d’en consacrer 15 pour lui enseigner des vérités, ceux-là veulent économiser à la nation la dépense des écoles primaires ; ils auront à meilleur marché les frères de la Charité, vulgairement des Ignorantins.

Je demande que les instituteurs du peuple soient mis à l’abri du besoin ; je demande, afin que l’espoir de trouver plus d'avantages dans la formation des degrés supérieurs d'instruction n’éloigne pas les hommes éclairés et recommandables par leurs mœurs, des écoles primaires, que le maximum de traitement de leurs instituteurs soit déclaré d'avance au moins égal au terme moyen du traitement qui sera accordé aux professeurs de toutes les écoles supérieures.

Un orateur a paru affligé de voir les prêtres exclus du plan d'enseignement public proposé par le comité. Je ne ferai point à la Convention nationale l'injure de justifier cette séparation entre l’enseignement de la morale, qui est la même pour tous les hommes, et celui des religions qui varient au gré des pieuses fantaisies de l'imagination. Cet opinant, sans doute, n'aurait admis que des enfants catholiques dans des écoles ouvertes à tous les membres de la société. Car y introduire des prêtres de cette secte, c'est en exclure les citoyens de toutes les autres, c’est