La politique religieuse de la Révolution française : étude critique suivie de pièces justificatives

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donner à la puissance publique un droit usurpé par les confesseurs, celui de diriger, de tyranniser, d'exploiter exclusivement les consciences. Peut-être aussi n’a-t-on vu dans cette admission des prêtres, comme tels, aux emplois d’instituteurs, qu'une opération de finance, et une grande vue d'économie.

La nation, a-t-on pu dire, leur paie annuellement à peu près la moitié du produit de ses contributions, ne pourrait-on pas leur faire gagner une si forte pension, en leur confiant des fonctions importantes ? Pour moi, je l'avoue, j'aimerais mieux leur abandonner les finances de la République, que l’éducation des jeunes citoyens ; j'aimerais mieux ruiner le Trésor public, que de pervertir et de corrompre l'esprit public. C’est par raison, non par économie, que je suis mal disposé en faveur des prêtres ; et je me rappelle encore, à leur sujet, l’histoire de ce joueur de flûte ancien, dont parle Plutarque, qu'on payait simple pour jouer, et double pour se taire, car il jouait faux.

La première condition de l'instruction publique, est de n’enseigner que des vérités : voilà l'arrêt d’exclusion des prêtres. (Applaudissements).

Un autre principe sur lequel doit reposer l’instruction les écarte encore, comme prêtres, des écoles de la République ; c’est que l’enseignement doit convenir également à tous les citoyens égaux en droits ; j'aurai le courage de tirer de ce principe une conséquence nouvelle, aussi évidente, peut-être, mais plus contestée que la première, parce qu’elle heurte avec violence, et les fausses idées, et les molles habitudes de notre vie, toute égoiste et toute servile. Je pense que tous les enfants nés dans la République, quel que soit l’état ou la fortune de leurs pères, doivent être astreints, pour pouvoir parvenir dans la suite aux emplois publics, à suivre pen-