La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales
268 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS
soutient Manuel (Montagnard). Danton soutient l’opinon de Morisson et de Brissot par un discours qui emporte l'assentiment de toute l’Assemblée *.
On s’imagine trop souvent la Convention divisée en deux partis absolument tranchés, qui s'opposent et se combattent sur toutes les questions, dont l’un dit toujours non, quand l’autre dit oui, et inversement ; c’est là une conception fausse; et qui fait mal juger finalement des deux partis, mais surtout du parti girondin.
1T octobre. — Une proposition de Thuriot, relative à la garde départementale, est écartée sans discussion par l'ordre du jour.
La Convention nomme les membres du comité de süreté générale. Ce sont : MM. Fauchet, Basire, Gorsas, Goupilleau de Montaigu, Grégoire, Lecointe-Puyraveau, Gossuin, Maribon-Montaut, Rovère, Delaunay (d'Angers), Ruamps, Chénier, Kervélégan, Coupé (de l'Oise), Bréard, Ingrand,
à
Saladin, Musset, Bordas, Alquier, Brival, Hérault de $., Duquesnoy, Legris, Audouin, Laurens (de Marseille), Niou, Chabot, Lavicomterie, Salle.
Le comité de süreté générale, à ce moment où Le comité
1. Ce discours me parait très caractéristique. — On avait dit : « La Convention ne connait pas encore le vœu du peuple sur la constitution de la république et elle va lui faire une constitution pour une république. Elle risque de faire un long travail sur une base fréle, chimérique. » —« Objection spécieuse, mais futile! s’écrie Danton. Songez que la république est déjà sanctionnée par le peuple, par l’armée, par le génie de la liberté qui réprouve lous les rois. (Applaudissements unanimes dans l’Assemblée et dans les tribunes. P. 218, Discours de D., éd. Fribourg.) Si donc il n’est pas permis de mettre en doute que la France veut ètre et sera éternellement République, ne nous oceupons plus que de faire une constitution qui sera la conséquence de ce principe; et quand vous l'aurez décrétée, quand vous aurez, pour ainsi dire, décrété l’opinion publique, vous aurez une acceptation rapide et la concordance de toutes les parties de votre gouvernement en garantira la stabilité. » — Danton dit : « La République déjà sanctionnée par le peuple ». Tout au plus peut-on dire, en l'état des choses : « non repoussée, subie ou acceptée ». Autre inexactitude dans l'expression « quand vous aurez décrété l'opinion publique ». Disons : « Quand vous aurez, par la solennité de vos délibérations, plus ou moins commandé, imposé, enjoint l’opinion publique ». Danton est un démocrate qui n’est pas dupe de ses principes. La volonté du peuple, il la respecte, mais après avoir pris ses précautions pour la faire lui-mème, cette volonté. Quant à la république sanctionnée par le génie de la liberté qui réprouve tous les rois, c’est une belle phrase qui a été très applaudie et ne pouvait manquer de l'être.