La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales
270 LA-PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS
Marat : « J’insiste pour avoir la parole ».
Le président : « Pas du tout, je donne la parole au ministre Roland. »
Marat : « Citoyen président, je vous adjure de m’accorder la parole, peut-être qu’en ce moment-ci un complot est tramé contre moi et est mis en exécution.
Plusieurs membres : « C’est une ruse pour se faire entendre. »
Le président : « Il ne m'est pas possible, avec ce qu'il a dit, de lui refuser la parole. »
Marat : « Ce n’est pas d'aujourd'hui que j'ai cru voir que des ministres et des généraux astucieux, en dénalurant les pièces qu'ils vous envoient... (Wurmures.)
Voix diverses : « Vous voyez bien que c'était une ruse ».
Marat : « Je recommence : ce n'est pas d'aujourd'hui que des ministres et des généraux astucieux... en imposent à l'Assemblée pour la jeter dans une mesure violente et lui arracher un décret sanguinaire ».
(Nouvelles interruptions.)
Marat : « Je vous demande, président, du silence. J'ai, comme la clique qui m'interrompt, le droit d'être entendu. »
Le président : « Je ne puis que vous donner la parole: mais il m'est impossible de vous donner ‘le silence. Arrivez au fait. »
Le président est indulgent. Après la ruse que Marat s'est permise, moquerie insultante pour l'Assemblée, et prétention orgueilleuse à se mettre au-dessus du règlement, Marat aurait dû être renvoyé durement à sa place. Je ne pense pas qu'aucun autre membre de la Convention eût été capable de commettre l’acte impudent de Marat. En tout cas, il est à peu près sûr que celui qui l’eût commis, fût-ce Vergniaud ou Robespierre, eùt été privé de la parole. — Et c’est un Marat qui apparaît comme le membre privilégié de la Convention !.…. Ce n’est pas que la Convention l'aime ou l'estime exceptionnellement — et alors? Sondez ce problème de la psychologie