La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 214

des corps collectifs; vous ne trouverez jamais au fond des motifs qui fassent honneur à la Convention. Racontons les faits qui amènent Marat à la tribune.

Le 3 octobre arrivent à Annelle près Rethel quatre chasseurs montés, armés. Ils disent qu'ils sont Français d’origine, qu'ils servaient dans les chasseurs impériaux russes, qu’ils ont déserté pour rentrer dans leur patrie et pour servir la République. Ils remettent spontanément leurs armes. Ils veulent aller à Rethel s'engager. La garde nationale les y conduit; la municipalité, le district de Rethel accèdent à leur demande. En effet, ils ont des noms français : Bonneville, Dusellier, Jacotier, Devaux; ils parlent français. D’ailleurs quelle apparence que quatre émigrés rentrent en France ouvertement. Et pourquoi y faire? pour quel bouleversement opérer, à eux quatre? — Tous ces faits sont constatés par un procès-verbal que dresse un notaire de Rethel. — Voici la suite (Lettre du général Chazot à Dumouriez) : « Dans la nuit du # au 5, à Rethel, les deux bataillons de Mauconseil et Républicain s'emparent de ces quatre déserteurs prussiens. Le général Chazot obtient dans le premier moment qu'on les lui amène, mais il ne peut réussir à calmer les esprits. A la fin il est lui-même menacé; on parle de l’expédier avec les autres. Il se dégage, court à peu de distance chercher du secours, mais, à peine est-il parti, que les quatre malheureux sont mis en pièces. » — Dumouriez transmet cette lettre au ministre par intérim, Lebrun, en y joignant ces quelques mots : « Le salut de la République dépend de la punition exemplaire qui doit en être faite : l’armée tout entière en est indignée. Si l'impunité suivait un pareil crime, bientôt l'armée serait sourde à la voix des chefs, ou elle punirait elle-même arbitrairement. »

Dumouriez ne faillit pas au devoir de punir. Les bataillons repentants livrèrent eux-mêmes les vrais coupables. Dix soldats furent exécutés.

Quelques jours après Dumouriez vint à Paris, il se présenta