La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

272 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

à la Convention, au club des Jacobins, partout fêté, honoré, glorifié, comme le sauveur de son pays. Marat n’osa pas l’attaquer aux Jacobins, mais le lendemain, comme Dumouriez était chez Talma où l’on donnait une fête en son honneur, Marat s’y présenta. On le laissa entrer grâce à la compagnie de Santerre. Le général Dumouriez causait, quand Marat brusquement se nomma à lui et le somma de justifier sa conduite à l'égard des deux bataillons parisiens. Dumouriez lui dit simplement : « Ah! vous êtes M. Marat! Je n'ai rien à vous dire, » et il lui tourna le dos. Ses aides de camp poussèrent doucement Marat jusqu’à la porte de sortie. — La seène ne fut rien moins que triomphale pour Marat. Maintenant voici la scène à la Convention; je l’abrège fortement (malgré l’envie que j'aurais de la donner tout entière). Marat prétend d’abord qu'il existe une pièce, une pièce unique, un procès-verbal de la municipalité de Rethel qui a été soustraite par le ministre de la Guerre à la connaissance de l'Assemblée. Marat l’a longtemps cherchée en vain, au comité de surveillance et dans les bureaux de la Guerre. — Il raconte son expédition à la maison Talma. « Je me suis transporté aux Jacobins, j'ai demandé deux adjoints pour me servir de témoins en cas de besoin ; et je suis allé, avec eux, demander des renseignements au général Dumouriez. Le général à paru interdit. (Rires.) Il ne m'a opposé que des raisons évasives. » — Oh! très évasives. — « Poussé dans ses derniers retranchements, il a déclaré s’en référer à la Convention nationale et au ministre. » (On rit.) Bref, Marat a fini par avoir communicalion de la pièce désirée. « Si vous l’eussiez lue avec nous, s’écrie-t-il, vous auriez été tous saisis d'indignation, en voyant que ces quatre prétendus déserteurs prussiens étaient quatre émigrés français déserteurs d’un régiment de dragons russes... et remarquez bien que ce régiment est rempli d’émigrés (?). Ces faits sont constatés par le procès-verbal : c’étaient donc des espions qui venaient sous vos drapeaux pour vous trahir et conspi-