La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 213

raient peut-être avec le général. » (Murmures prolongés.)

Le président : « Comme Marat ne s’est servi que du mot peutétre, il m'est impossible de le rappeler à l’ordre ». — Le président est débonnaire, comme si jeter un mot de suspicion, sans aller jusqu’à l’accusation formelle, n'était pas déjà trop.

Nous avons vu que la pièce, invoquée par Marat, d’abord n'est pas un procès-verbal de la municipalité de Rethel, et ensuite qu'elle atteste tout le contraire de ce que Marat prétend. Cette pièce est lue tout entière à la Convention par le secrétaire Lasource, devant Marat, qu'elle convaine de fausseté, mais cela est bien égal à Marat. Marat se jette alors sur le général Chazot qu’il accuse d’avoir voulu se défaire des volontaires parisiens, puis sur son collègue Rouyer, qui l'aurait provoqué en duel ou menacé. Il se plaint qu’un homme, comme lui animé uniquement de l'amour du bien public, ne reçoive de la Convention « que des haros ». Effectivement, on vient de lui crier qu'on le voyait avec mépris, avec horreur. — Rouyer, sans répondre à l’accusation de Marat, pose très bien la question : « Quand même il serait prouvé que les déserteurs fussent des émigrés, ce fait ne justifierait pas les volontaires. Ce n’est pas pour tuer les émigrés, en dehors des batailles, que nos bataillons sont sur nos frontières ; c’est pour saisir ces rebelles et les faire tomber sous le glaive de la loi; mais en réalité ces quatre soldats, français d’origine, désertaient pour ne pas porter les armes contre leur patrie et pour, au contraire, la défendre. Et dans le moment où la patrie reconnaissante devait leur tendre les bras, ils n'ont trouvé que des assassins. » — Tout indique que ces quatre malheureux étaient ce que Rouyer en dit, mais quand on n’aurait eu à leur égard que des doutes, il y avait dans l’accueil qu'ils avaient reçu de quoi serrer le cœur à tout homme ayant un peu d'imagination sympathique : Marat n'en avait pas. Toute sa vie en témoigne.

Désemparé de la pièce, qu'il disait unique, par la lecture que Lasource vient de faire, Marat prétend à présent qu’il y a une

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