La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 219

D'accord. — « Lorsque l'ennemi s'empara de Verdun, lorsque la consternation se répandait même parmi les meilleurs et les plus courageux citoyens, l’Assemblée législative nous dit : N'épargnez rien, prodiguez l'argent, s’il le faut, pour ranimer la confiance et donner l'impulsion... Nous l’avons fait, nous avons été forcés à des dépenses extraordinaires et, pour la plupart de ces dépenses, j'avoue que nous n'avons pas de quittances bien légales. » — Que veut-il dire avec ses quittances légales? Avez-vous des quittances ? légales ou non. — « Tout était pressé, tout s’est fait avec précipitation. » — Demander un reçu n’est pas besogne qui exige beaucoup de temps. — « Vous avez voulu que les ministres agissent tous ensemble; nous l'avons fait et voilà notre compte... Il serait bien pénible, bien flétrissant pour des ministres patriotes de les forcer à remettre toutes les pièces qui constatent des opérations extraordinaires. Il est vrai que Roland n’a point assisté au compte que les ministres se sont rendu mutuellement, mais il pouvait y assister. J’observerai, en finissant, que si le Conseil eût dépensé 10 millions de plus, il ne serait pas sorti un seul ennemi de la terre qu'ils avaient envahie. » — On imagine malaisément comment on aurait employé ces dix millions, de facon à obtenir l’anéantissement des armées ennemies. — « Au reste, je vous prie de ne rien prononcer qu'autant que les ministres vous auront rendu collectivement compte de ce qu’ils ont fait ensemble. » — Ainsi, finalement, Danton demande que les ministres soient admis à rendre de nouveau leur compte collectivement, mais cette fois devant l’Assemblée. Voilà qui est bien, attendons ce compte, avant que de prononcer. Observons, en attendant, le système de Danton. Il voudrait que l’on considérât toute action et toute dépense faites par l’un quelconque des ministres, non comme action et dépense personnelles, mais comme collectives et imputables aux autres ministres, au Conseil entier; ce système facilite bien les choses à un ministre dont les opérations particulières peuvent être critiquées.