La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

216 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

Cambon : « Quelque rigide que doive être notre surveillance, nous ne pouvons pas faire cependant ce que la loi ne prescrit pas. Il ne faut point, pour des dépenses secrètes, demander un compte public... Les dépenses secrètes doivent disparaitre dans l'avenir, mais enfin elles existent; et Roland devait assister au Conseil pour en recevoir le compte avec ses autres collègues. La nation l’a nommé son agent pour surveiller l'emploi de ses fonds et lui garantir qu'ils ont été employés pour le bien et le salut de l’État... Que Roland se fasse présenter les comptes de ses collègues; qu'il leur rende le sien; qu'ensuite il vienne nous assurer que ces comptes sont en règle et il aura rempli son devoir, » — Ainsi Cambon prétend que le ministre de l'Intérieur est investi d’une sorte de prééminence censoriale en fait de finances sur ses collègues ; est-ce exact ? c’est ce que je ne saurais décider.

Roland répond qu'il ne blâme pas précisément les dépenses secrètes qui ont été faites. « J’en approuve l'objet », dit-il. Le mot n’est pas clair. — Roland veut dire, j'imagine, l’objet général, c'est-à-dire le bien et le salut de l'État : ce qui répond à la première phrase de Cambon. — « Mais, ajoute-il, j'ai du déclarer que j'ignorais comment ces dépenses avaient été faites et à quoi on avait employé les fonds pris sur les deux millions... Je n'ai point assisté au Conseil où ces comptes ont été rendus. » — Il devrait dire quelle cause l’empêcha d'y assister, — « mais j'en ai cherché les traces sur le registre du Conseil et je ne les ai point trouvées. »

Un membre : « Je demande que le registre du Conseil soit vérifié ».

Danton : « J’observe que le compte des dépenses secrètes ne se porte point sur le registre du Conseil ».

Plusieurs membres : « L'ordre du jour! »

Lidon : « Pas du tout. Je demande que tous les ministres soient mandés pour attester si le compte a été, oui ou non, rendu, et pour savoir lequel de Danton ou de Roland déguise la vérité. »