La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

290 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

Ah! mais voici son opinion réelle qui se dessine. Gonchon s’écrie « que le mot de force armée ne souille pas le code d'un peuple républicain. Entrez un moment sous la chaumière de l'artisan, parcourez avec lui la liste des pièges tendus à sa bonne foi et des hypocrites qui l'ont trompé... analysez ensuite les projets qu'on vous a soumis (Lesquels? Évidemment le projet de la garde départementale et celui contre les- excitations aux meurtres), ét vous conviendrez qu'on peut les blämer sans être un scélérat ou un insensé. » Allons, je crois que décidément Gonchon parle contre la Gironde.

En tout cas il va parler et avec un regrettable succès, contre la loi martiale : « Cette loi, que Néron et Cambyse (!) auraient enviée sans doute à nos législateurs, n’incite dans les âmes que des sentiments d'horreur et d’indignation..….. Et comment pourrions-nous la rappeler sans frémir?.… C’est en vertu de cette loi que nos enfants et nos épouses furent égorgés sur l'autel de la patrie (le massacre dit du Champ de Mars)... Et le poignard qui les assassina souille encore les regards d'un peuple libre! Venez, citoyens, accourez au Champ de Mars! portons-y le livre des décrets; arrachons-en les feuilles sanglantes de la loi martiale et déchirons-les à l’envi sur l’autel de la patrie... (Un enthousiasme unanime fait retentir la salle d'applaudissements réilérés.)

« Citoyen président, conclut Gonchon, nous demandons que les drapeaux rouges soient brûlés sur l’autel de la patrie dans tous les départements. »

Basire appuie, Chabot appuie. « Les citoyens, dit-il, viennent de nous parler de la honte de l’Assemblée constituante” et de votre gloire; pour la soutenir, cette gloire, ils faut que vous fassiez droit à leur pétition. »

La Convention ordonne la mention honorable de l'adresse Gonchon, et son impression au procès verbal. — Quant

1. On a singulièrement abusé du massacre du Champ de Mars.