La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 337

nous, de grâce, à quelle date; vous ayant assez payé en patience et souffrance de vos abus, vous nous tiendrez enfin quittes. Au reste, je vois quelque injustice dans votre affaire; par exemple, les Marseillais et les Bretons qui ont fait le gros de la besogne au 10 août auraient dû être tous introduits dans votre Conseil général ; je n’y en vois aucun. Et, en ‘revanche, vous, citoyen Robespierre, quel danger avez-vous couru pour en être ? On s’est battu sans vous, brave discoureur. Vous n’étiez pas même de ceux qui, la nuit du 10, se risquèrent à envahir l'Hôtel de Ville. L'insurrection était parfaitement victorieuse, quand vous y vintes.

Ce qui m'étonne c’est que la Convention ait laissé passer ces théories, très graves par leurs conséquences possibles, sans répliquer par la bouche d’aucun de ses membres, sans dire par exemple cette chose de bon sens: Quand on a fait une émeute, c'est-à-dire de l'illégalité — excusable, admettons-le, parce qu’elle a un objet précis, momentanément — il faut, dès l’objet atteint, comme ici la chute de la royauté, il faut se hâter de rentrer dans la légalité, il faut se remettre sous l’ascendant salutaire d'un gouvernement régulier. Le courage de l'émeutier ne nous assure pas de sa capacité, comme gouvernant; et, d'autre part, il n’a pas le titre fondamental pour gouverner; il doit céder la place à ceux que les suffrages du peuple ont investis de ce droit. On cesse d’être démocrate vraiment, on ne comprend plus ce que c’est que la démocratie, quand on dresse le droit de l’émeutier vainqueur contre celui des élus du peuple; il y a incompatibilité entre les deux ; cela est évident.

Arrivé à la question des massacres, Robespierre nie d’abord toute espèce de participation. « Avant l’époque où ces événements sont survenus, j'avais cessé de fréquenter le Conseil général; l'assemblée électorale dont j'étais membre avait commencé ses séances, Je n'ai appris ce qui se passait dans les prisons que par le bruit public et plus tard que la plus grande partie des citoyens... Quant au Conseil général, il est

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