La question de l'Adriatique

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côté de la Serbie et du Monténégro, aucune objection ne s’annonçait. Restait la Grèce, la Grèce qui longtemps avait: gardé l'espérance d’englober dans ses frontières la région de Vallona et de Bérat, où l'influence, la langue et la civilisation helléniques ont des racines profondes (1), la Grèce qui avait dû déjà céder l'ilot de Sasseno à l'Albanie, mais qui peutêtre allait voir avec un déplaisir plus marqué s'établir à ses côtés un voisin tout agité d'une politique d'expansion et d'impérialisme.

En fait, ce fut avec la Grèce que les pourparlers furent les plus délicats et les plus longs. Mais l'Italie détenait à cet égard des moyens de persuasion dont elle sut habilement tirer profit. Les conversations durent s'engager presque au lendemain du conflit européen. L'accord était déjà complet au moment de l'expédition du 25 octobre, et à cette date il devait même être chose acquise depuis longtemps, puisque les mesures d'exécution des deux pays, qui se poursuivirent parallèlement, étaient prêtes à la fois. Quand, dès le milieu d'octobre, la presse italienne commença à parler, en termes plus ou moins voilés, de la prochaine occupation de Vallona,

(1) Voir à ce sujet, notre ouvrage, L'Imrédentisme hellénique (Paris, Perrin, 1913), notamment pp. 24, 37 et 41.