La question de l'Adriatique

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L'avenir est si incertain et les marchandages sont si intenses qu'il est toujours possible de supposer qu'un problème n’aboutira pas à sa solution la plus logique et la plus prévue. Les convoitises italiennes sur l'Epire du Nord, sur le canal de Corfou, et sur l’île elle-même, peuvent donc fort bien ne se réaliser jamais. Mais elles sont précises et vivaces, et, en feignant de les ignorer, la politique hellénique ne ferait que les rendre plus actives et plus périlleuses encore.

Car, si elle a renoncé sincèrement et sans esprit de retour à la possession de Vallona, la Grèce n’en reste pas moins intéressée à la question de la porte de l'Adriatique. Non seulement le canal d’Otrante est une route maritime particulièrement importante pour son commerce, mais la transformation de Vallona en port militaire italien peut menacer éventuellement toute l'action de la flotte hellénique dans la mer lonienne. Déjà, Tarente est un danger; Vallona en serait un autre, bien plus redoutable et bien plus proche. Il était donc de toute nécessité que la Grèce eût, elle aussi, non loin de l’Adriatique, et, autant que possible, aux confins de cette mer et de la mer lonienne, une-base navale chargée de protéger toutes ses côtes occidentales, depuis Corfou jusqu'à Cythère.