La question de l'Adriatique

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Cette question n’est pas née de la guerre européenne. Si l'installation italienne à Vallona lui a donné une acuité subite, elle n’en préoccupait pas moins les hommes politiques d'Athènes depuis de longs mois. Dès le lendemain de la seconde guerre balkanique, le problème était mis à l’étude. La Grèce se voyait menacée sur ses frontières de l'Epire, en butte à des intrigues qui tendaient ouvertement à ruiner son influence dans l'Albanie méridionale, inquiète du côté du Dodécanèse, où le maintien de la domination italienne créait, et crée encore, un péril pour l’hellénisme, persécutée enfin dans les conseils de l'Europe par la diplomatie romaine, qui allait jusqu'à s'opposer à l'élargissement du canal de Corinthe afin de rendre plus difficiles pour les grosses unités de la flotte grecque les communications entre la mer Egée et la mer Ionienne (1). Elle se décidait donc à faire face à une menace qui se manifestait avec tant d'obslination, et à créer un port militaire dans la mer [onienne. À l’automne de 1913, l'amiral Kerr, chef de la mission navale britannique, présentait au gouvernement hellénique un rapport où, après avoir démontré la nécessité de

(1) Cf. notre étude, L'action italienne dans le Levant, dans la Revue de Paris du 15 juillet 1944, p. 446, note 2.