La Révolution française (1789-1815)

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ce qu’il pouvait avoir de dangereux pour le civisme’et l'indépendance de la magistrature; mais il ne conserva, d'autre part, des institutions de 89 et de 93, que le Code civil, en le mutilant ou faisant amender dans un sens contraire à l'esprit de liberté et de justice de la Révolution; en y rétablissant, notamment, ce qui était le plus opposé aux tendances de cette époque : les majorats et les substitutions. Et si, comme plus tard Louis XVIII, il eut le soin de garantir contre toute atteinte présente et future l'aliénation des biens du clergé et des émigrés, dits biens ._nalionaux, et la paisible possession de ceux-ci par leurs acquéreurs, il fut guidé en cela bien plutôt par l'intérêt de sa propre conservation que par aucune tendance libérale. De même, avec un sûr instinct de rétrogradation, il reprit la réaction religieuse commencée par Robespierre, en mettant le catholicisme à la place du déisme et supprimant tout ce qui avait été fait dans le sens de la séparation de l'Eglise et de l’État. C'est alors que le Concordat, qui nous régit encore à cette heure, vint remplacer, à la stupéfaction générale, l’entière liberté des cultes consacrée par la Constitution de l'an III. Du reste, tous les procédés de despotisme inventés par le Justicier de prairial furent repris par le soi-disant César : mépris de la liberté des personnes et du droit de défense pour les accusés; conseils de guerre au lieu de commissions populaires et de tribunaux d'exception; fusiller au lieu de guillotiner !

Voici, pour en donner un exemple, ce que Napoléon écrivait à Eugène, prince d’Empire, en sa vice-royauté d'Italie :

« Ne laissez pas oublier que je suis le maître de faire ce que je veux : cela est nécessaire pour tous les peuples.. Votre système est simple : l’empereur le veut. On