La Révolution française (1789-1815)
15
ls avaient alors le ministère de l'intérieur et la mairie de Paris (à ce titre, Roland et Pétion étaient les deux seuls fonctionnaires directement responsables de l'ordre dans tout le royaume) ; ils avaient la majorité dans l'Assemblée, et de l'influence sur les compagnies de Fédérés qui traversaient la capitale ; ils savaient tout: et ce qui se passait à Paris et ce qui se consommait à Meaux et à Versailles ; ils en causaient à la table de Roland, chez qui on entendit Brissot déplorer que Morande, son ennemi personnel, eût échappé (1): et ils ne firent rien pour empêcher ou abréger les exécutions populaires !..….
Mais aussitôt après l'ouverture des séances de la Convention, ils prirent là le prétexte menteur de leur rupture
officiel, relevé par les administrateurs de police, membres du Comité de surveillance, est de 1,079 (Archives nationales).
Or, il n'est guère possible non plus de trouver des motifs moins puissants et des circonstances moins entraînantes à ces exterminations qu'à celles de la Saint-Barthélemy, de la révocation de l'Edit de Nantes, ou du renversement de la Commune de Paris en 1871. Eh bien ! d'après Bossuet, érente mille individus en France et six mille à Paris (dix mille selon Davila; — M. Henri Martin, d’après Tavannes et de Thou, réduit ce chiffre à deux mülle pour la capitale) payèrent de leur vie le triomphe du catholicisme au mois d'août 1572 ; cèng cent mille, le retour offensif de Louis XIV contre le protestantisme (dragonnades et exils); —le seul Noaïlles écrivait à Louvois : « Le nombre des religionnaires, dans cette province, est de deux cent quarante mille, je crois qu’à la fin du mois TOUT SERA EXPÉDIÉ ; » érente mille (non compris les déportés et les contumaces), d’après les estimations les plus modérées, le rétablissement de l’ordre par M. Thiers.
Au point de vue de l’économie du sang, l'avantage est donc encore, et de beaucoup, à la Révolution!
1. Histoire parlementaire, t. XNIII, p. 382-386, Lettre de Roland à l’Assemblée sur les massacres; p. 401, Camille Desmoulins sur Brissot. — t. XX, p. 228, Fabre contre les mèmes : « Il (Fabre d’Eglantine) dit que, dans ces moments de crise (les journées de septembre), il a vu les mêmes hommes qui s’acharnent aujourd’hui contre le 2 septembre (les Girondins), venir chez Danton et ex-