La Révolution française (1789-1815)

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la malignité des partis et pour supporter les dégouts inséparables de la pratique politique.

Non seulement il aurait dû consentir, comme la Convention l'y poussa par un décret, à entrer au comité de Salut public, mais chercher à y faire entrer ses amis. Il aurait dû mesurer toute la portée de l'instrument qu'il avait créé, songer qu'il pourrait un jour se retourner contre lui-même, contre l'intérêt public, et ne pas se contenter d'une influence générale sur les opérations gouvernementales, d'une action purement consultative toujours insuffisante et qui devait tôt ou tard être contestée.

En même temps qu'il se fût maintenu aux Cordeliers, sans pour cela délaisser les Jacobins, Danton aurait donc dû prendre la présidence du comité de Salut publie, avec des hommes comme Cambon, Carnot, Robert Lindet, les Prieur, Dubois de Crancé, Hérault-Séchelles, Baudot, Philippeaux, Delacroix et tant d’autres pour collègues, travaillant avec lui et sous son impulsion.

Alors on eût évité le 16 germinal, les lois de prairial, le 9 thermidor ! Et, selon la vue bien tardive, hélas ! de Billaud-Varennes, le 148 brumaire n’eût pas été possible.

XII

Toutefois, le Gouvernement révolutionnaire eut un rôle immense, conforme aux choses et à sa propre puissance. D'abord, par Cambon, qu'il nest point excessif de qualifier ici d'illustre, le Comité apporta l'ordre dans les finances de l'État, dont il constitua l'organisation actuelle, Il les disposa contre l'esprit de l'ancien régime, par l'établissement fondamental du grand-livre, qui