La Révolution française (1789-1815)

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alors comme plus tard, que toute l'Europe était à son unisson, qu'elle comprenait la France, qu’elle l'admirait et qu’elle l'appelait !

Combien elle en était loin...

Sa sympathie pour nous, éveillée en 1789 par la réunion des États généraux et par la prise de la Bastille, avait toujours été en diminuant depuis cette époque, et s'était graduellement transformée en antipathie, puis en haine après l'exécution de Louis XVI. C'est à peine si quelques individualités supérieures, en Angleterre et en Allemagne, Fox, Shéridan, Erskine, Tiorney, Whitbread, Fichte, Schiller, etc., nous étaient demeurées fidèles.

La politique de Cloots manquait donc de raison, de base objective, et ne pouvait être celle de la Révolution, de la Convention et du Comité de Salut public, qui, dans la question extérieure, abandonnèrent vite la guerre de propagande pour la grande guerre défensive.

Celle-ci consistait à assurer et à faire reconnaître l'indépendance de la France et son intégrité: d'abord en expulsant l'ennemi de son territoire et en l'éprouvant assez fortement pour le lui faire réellement respecter ; ensuite, en rendant cette indépendance définitive par l'occupation provisoire de la Savoie et de la Belgique, conditions si largement obtenues par l'immortelle campagne de l’an II (1793-1794); en détruisant par la diplomatie et par la guerre la coalition européenne ; enfin, en assurant l’appui moral de la France, sans aucune arrière-pensée d'annexion (amendement essentiel et décisif apporté par la Révolution à la politique de Henri IV et de Richelieu), à celle des nations les plus voisines qui eussent voulu arriver à la liberté, comme la Hollande, la Westphalie, le Piémont, etc., où de telles aspirations étaient loin de faire défaut; tout cela sans