La Révolution française (1789-1815)

PTE

Jui-même l'aveu dans ce passage de son livre sur Cloots : __ « Anacharsis l'avait prédit. Les Sans-Culottes débordèrent sur le continent tout entier, s’emparant du pape, détrônant les rois, départementalisant les hommes. Mais, hélas! ce ne fut plus qu'une aventure: — aventure héroïque, mais sans moralité ni suite, car leur chef (Napoléon), ayant épousé l'Autriche au lieu de la grand’ ville (Paris), tomba. Et les vieilles puissances envahirent enfin pour restaurer. »

__ « On doit reconnaître aussi qu'après la Convention et avant l'Empire, le Directoire se laissa déjà trop entraîner par l'enivrement de la victoire, par le désir de rester dans les pays occupés par nos armées triomphantes, par la gloire d'accomplir dans quelques années une œuvre que la monarchie, au temps de sa plus grande ambition, avait à peine osé entrevoir, ce qui avait amené le gouvernement à exiger le Rhin comme frontière de la nouvelle France (1). »

Cette politique agressive et imprudente, l'intervention violente du Directoire en Italie, en Hollande et surtout en Suisse, où l'on pouvait voir l'abandon du système de stricte défense et un retour à celui de la propagande armée pour établir chez les peuples voisins les principes du gouvernement français, était en contradiction formelle avec l'inébranlable volonté pacifique de Danton et du jomité de Salut public, seule conforme à la haute sociabilité internationale du xvr° siècle et à l'esprit fraternel de la Révolution.

Car c'est l’état de guerre indéfinie institué dès le Consulat d’après cette aberration militaire captieuse et subversive, c'est l'éloignement permanent de l'armée dans

1. Lecomte (M. Cons.), Revue occidentale, t. IV, p. 481.