La Révolution française (1789-1815)

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des expéditions lointaines, qui finirent par la séparer de la nation pour l’attacher à son chef et lui faire perdre le respect de la patrie et le culte de la République.

Au contraire, ce sont les besoins de la défense nationale qui ont graduellement et fatalement poussé à la proclamation de la République, en montrant que la royauté n'était pas seulement l'obstacle à l'établissement de la liberté à l'intérieur, mais aussi au maintien de l’indépendance et de l'intégrité de la patrie. De plus, les nécessités de cette défense ont encore poussé à l'organisation d'un gouvernement républicain réel, énergique, contrairement au libéralisme dispersif de ce temps. Enfin, c’est la défense nationale, et non le cosmopolitisme, qui a fait surgir cette classe guerrière nouvelle, la partie alors la plus civique et la plus émancipée de toute la nation, qui pouvait servir de base à la dictature militaire dont l'action était devenue indispensable à la conservation même des résultats de la Révolution (on le vit au 18 fruclidor), et qui les aurait certainement assurés et maintenus si Hoche, par exemple, eût pu surgir au lieu de Bonaparte (1).

On sait que le principal rôle assigné par la force des choses à ce pouvoir de transition était d'assurer l'indépendance nationale et l’ordre intérieur contre les royalistes du dehors et du dedans, par l'inébranlable maintien de la République, en favorisant le mouvement industriel indispensable à l'existence nationale et faisant respecter la liberté spirituelle nécessaire à la refonte définitive des opinions, des mœurs et des institutions, d'après l'élaboration d’une nouvelle doctrine générale.

1. Voir Auguste Comte, Système de philosophie positive, t. NI, pe 386.