La terreur à Paris

DAV LA TERREUR À PARIS

chose près, semblable aux voitures actuelles de notre train des équipages, entra dans la cour, trainé par quatre chevaux et suivi d'une escouade de gendarmes. Un homme qui, par sa physionomie sombre et dure, sa stature et son maintien farouche, semblait n'être destiné quà annoncer de sinistres nouvelles, parut ensuite, une grande pancarte à la main; c'était un des huissiers du tribunal révolutionnaire. Il donna l'ordre de sonner la cloche et de faire descendre tout le monde au préau.

On obéit sans murmure, beaucoup avec joie, le plus orand nombre en tremblant pour leur destinée. Les femmes s'appuyaient au bras de leurs maris ; frères et sœurs, amants ou amis, tous réunis ensemble, à cette triste occasion seulement, s'adressaient un dernier et lamentable adieu. Tous se serraient, s'aggloméraient en quelque sorte les uns aux autres, et s’épuisaient à prodiguer aux plus défaillants, un courage dont ils eussent eu si grand besoin pour eux-mêmes. Ceux qui se voyaient oubliés sur la fatale liste alphabétique et qui avaient l'énergie de résister à cette épreuve, dès qu’ils recommencaient à respirer, s'empressaient de porter secours aux femmes, aux vieillards, aux jeunes filles, aux enfants qui étaient toujours dans un fort pitoyable état. Souvent deux, trois, quatre personnes tombaïient de saisissement et de douleur en. entendant prononcer le nom d’un parent ou d’un ami.

Le concierge fit donc l'appel nominal, et de temps en temps l'huissier répéta d'une voix tonnante le nom de la victime désignée pour le supplice. Elle prenait aussitôt place dans la sanglante fourragère.

On appela ainsi le ci-devant marquis de Bois-Bérenger,