La terreur à Paris

LES SALONS DE PARIS 933

puis sa femme, puis sa sœur, puis sa belle-sœur, puis son frère et les cinq condamnés s’assirent côte à côte sur la même banquette. De toute cette noble famille, une seule tête, celle de M'® Célie de Bois-Bérenger semblait avoir été oubliée : à peine sortie de la stupeur dans laquelle ce malheur l'avait plongée, elle jeta un eri de détresse qui déchira les entrailles de tous ceux qui cherchaient à la consoler et à l'arracher à cette terrible scène. Mais à moitié folle de rage et de douleur, la jeune fille ne voulait rien entendre, et se débattait entre les mains de ses amis en arrachant ses beaux cheveux noirs, en poussant des gémissements à fendre le cœur.

— Je veux mourir avec vous! je ne veux pas les quitter! s'écriait-elle en s'élancant dans les bras de ses parents consternés.

Pendant qu’elle s'abandonne ainsi à son désespoir au milieu de tous les captifs qui se groupent autour d'elle, attendris et menacants à la fois, le sombre huissier perce la foule et, la saisissant par ses vêtements, essaie de la séparer de son père :

— Que me voulez-vous ? s'écria-t-elle.

— Je veux que tu t'en ailles, il y a assez de simagrées comme cela, entends-tu ?

— Moi, je n'abandonnerai pas ma famille, qu'on me tue avec elle ; je reste!

— Tu n'as pas le droit de mourir; va-t'en!

— Vive le roi! Vive la reine ! A bas l’exécrable république!!! s'écrie alors la jeune fille au comble de l'exaspération. — Très bien ! très bien ! dit un représentant du peuple qui apparut à ces cris séditieux, tu peux t'asseoir sur là