La terreur à Paris

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Qui croit que de sa libertés

Ma mort assure la conquête, Qu'est-ce autre chose, en vérité, Qu’une foule qui perd la têle 1?

Il y eut quelquefois, sous l'excitation et comme par l'entrainement de ces exemples, non pas seulement du mépris pour la mort et du courage à la recevoir, mais une sorte d’ardeur à la rechercher. Les prisons eurent à cet égard leurs héros, comme l’armée elle-même. Beaulieu et d’autres encore ont cité le jeune Gosnay, simple grenadier d'infanterie sous l’ancien régime, rentré dans sa famille, puis rappelé au service par le régime nouveau, mais détestant la république, engagé même dans une rixe contre les républicains et envoyé au tribunal révolutionnaire comme royaliste. Gosnay, dit Beaulieu, était fait au tour, d’une charmante figure, plein d’aisance dans toutes ses manières; il avait beaucoup d'esprit naturel, et ne manquait pas d’une certaine éducation. Obligé de coucher aux cachots faute de moyens pour payer un lit, dès qu'il sortait, il se déshabillait et se lavait, au milieu de l'hiver, depuis les pieds jusqu'à la tête, sous un robinet d'eau froide qui était dans la cour de la prison ; ainsi approprié, il endossait un habit de hussard, d'un drap assez fin, sous lequel se dessinait sa belle taille, et venait dans cet état, causer, à travers les barreaux du guichet, avec les femmes et autres parentes des royalistes détenus, à qui la cause qu’il avait défendue le’rendait encore plus intéressant. Une demoiselle fort jolie en fut épriseet résolut de le sauver. Elle avait de la fortune, Gosnay n’en avait pas

! Mémoires sur les Prisons (Eclaircissements)}, t. I, p. 279.