La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

l LA NATIONALISATION

les créanciers de l'Etat une sauvegarde suffisante.

Si la proposition ne revint pas au lendemain de cette séance, la question qui en était l’objet, fut de nouveau amorcée par différents orateurs, lorsque l’on discuta le sort des dîimes, et traitée incidemment. Le curé d’Argelliers sembla la résoudre honnétement et d'accord avec le sentiment général, en disant : « Si les Bénéfices sont trop multiplié, ainsi que les maisons religieuses, si les uns et les autres neremplissent pas leurs obligations, la Nation a le droit de supprimer les Bénéfices, et de réunir les maisons », et en demandant comme conclusion que les biens de l'Eglise excédant ceux nécessaires à l'entretien des autels, des ministres et des pauvres, fussent employés au soulagement de la Nation 1. Différente fut la théorie que vint ensuite exposer à la tribune, avec autant de chaleur que de conviction, l'abbé de Montesquiou : « On affirme, dit-il, que la Nation est propriétaire des biens du clergé, parce que ces biens servent en même temps de salaire aux ecclésiastiques. L'idée la plus simple, en fait de propriété, est qu’un bien appartient à celui à qui il a été donné, ou qui Pa acquis. Les biens ecclésiastiques n’ont point été donnés à la Nation, mais au Clergé à certaines charges. S'il ne refuse pas de remplir ces charges, on ne peutpas

1. Séance du 10 août 1789.