La vente des biens nationaux pendant la Révolution française : étude législative, économique et sociale : ouvrage accompagné de deux plans

8 LA NATIONALISATION

servi de base à une discussion, encore moins à une prise en considération, tandis qu'ici Dupont de Nemours, l’admettant en quelque sorte comme une vérité, en traita de plano les conséquences. Mais en posant le principe que « les biens du clergé sont à la Nation », il proclamait qu'ils ne sont à elle que comme ils étaient à lui, c’est-à-dire avec toutes les charges qui les grèvent. Aïnsi il entendait que la Nation maïntînt aux biens des hospices et des collèges leur véritable destination, et qu’elle exécutât les fondations de messes et de services. Puis, se livrant aux plus minutieux calculs, il établit que l’attribution des biens ecclésiastiques à la Nation lui fournirait un revenu net de 74 millions, dont le capital immense servirait aisément, — c’était alors la seule raison mise en avant, — à liquider la situation 1.

Les membres du Clergé, en entendant ce discours, où Dupont de Nemours jouait avec leurs propres millions, et disposait de leur patrimoine, durent, — bien que la proposition n’eût pas de suite immédiate, — être saisis d’une légitime frayeur, la menace pour le moment disparue pouvant à chaque instant renaître. Elle ne tarda pas en effet à renaftre sous diverses formes, notamment lorsque, peu après, au milieu des difficultés que présentait lapplication de la proposition de Necker, en principe

1, Séance du 24 septembre 1789.