Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux

104

« Le Général de Division, Gouverneur d'Anvers,

» Annonce aux habitants qu'il touche aux termes de sa mission.

» Il ne saurait se séparer d'eux sans leur adresser ses vœux pour la prospérité de leur ville, ses félicitations sur leur conduite franche et courageuse, et sa gratitude pour les marques de confiance dont ïls n’ont cessé de l’honorer.

» Il les remercie avec sensibilité, des ressources qu'ils lui ont offertes pour l'entretien de ses troupes et des secours généreux qu'ils ont prodigués dans toutes les occasions aux soldats blessés.

» Il s’estime heureux d’emporter l'assurance que tous ont rendu justice à la pureté de ses intentions, que les mesures de rigueur qu'il s'est vu quelquefois obligé de prendre, lui étaient commandées par des circonstances impérieuses et qu'enfin pendant son séjour, grâce au bon esprit dont chacun était animé, Anvers est devenu un asile pour ceux qui fuyaient les malheurs inséparables d’une guerre terrible, plutôt qu'une ville en proie aux privations et aux dévastations qu'entraînent ordinairement un bombardement et un blocus. »

1814. — Au début de juin, Carnot adresse à Louis XVIII un mémoire manuscrit, pour lui dire que ses conseillers sont aveugles, qu'ils perdent la France, et pour tâcher de l’éclairer. Ce mémoire est considéré comme réunissant toutes les opinions des Français contre les droits arbitraires et les lois de l'esclavage sous lesquelles on voulait les asservir. Les ministres du Roi honteux de trouver leur condamnation dans ce réquisitoire, persécutèrent Carnot, qui fut obligé de se retirer momentanément en Belgique. Le manuscrit fut dérobé et imprimé; il eut un succès énorme. On paya le livre jusqu’à 5, 10, 15, 20, 30, 40 et 60 francs et plus, dit l'éditeur Arnaud dans l’exemplaire que nous avons eu sous les yeux. Il s’en fit au moins six cent mille copies en